À l’heure où l’univers de la trésorerie est chamboulé, les journées de l’AFTE, qui ont eu lieu le 16 & 17 novembre 2021, rassemblaient les professionnels du secteur au Palais Brongniart. Ces derniers ont évoqué et débattu autour de sujets d’actualité qui touchent les équipes Finances des grandes entreprises françaises telles que l’ESG par exemple.
Trustpair vous propose de revenir sur certaines conférences de cette journée dans une série de 5 articles. Dans ce compte-rendu, nous nous intéressons aux enjeux du financement ESG (économique, social, environnemental).
Financements ESG, comment répondre à une demande croissante ?
Étaient présent lors de cette conférence :
- Hubert Corpechot, directeur des investissements de marché, Unibel (Modérateur)
- Nicolas Dutreuil, directeur général adjoint en charge des finances, Gecina
- Sandrine Enguehard, head of cross-product impact structuring, Société Générale
- Maud Gaudry, directrice ESG groupe, Mazars
Le financement ESG marque une innovation dans les produits financiers
L’importance croissante de l’ESG pousse les trésoriers à échanger avec des partenaires internes et externes à l’entreprise, afin de redéfinir la notion de performance financière et extra-financière.
“L’objectif de l’ESG est d’améliorer la gestion des actifs. Par exemple, le premier plan carbone chez Gecina existe depuis 2008. Nous apportons un regard et un jugement particulier sur l’impact environnemental des immeubles (restructuration, connexion à des réseaux de chaleur)” – Nicolas Dutreuil, directeur général adjoint en charge des finances, Gecina
Le principe du financement ESG est la recherche de cohérence entre l’actif et le passif. Une première réponse réside dans le Green Bonds, un critère intéressant à prendre en compte mais qui n’est pas pour autant global. Dans d’autres termes, le trésorier doit rechercher un financement global, mais pas que punitif.
“Depuis 2018, on travaille au verdissement des lignes bancaires : sur 4 millions et demi de lignes, on en a verdi plus d’un tiers.” – Nicolas Dutreuil, directeur général adjoint en charge des finances, Gecina
Nicolas Dutreuil ajoute que pour transformer les financements généraux en financement vert pour la construction des immeubles, il faut convoquer et embarquer l’ensemble de la masse de signataires du projet.
“Avec la prise en compte des émissions ESG, on ne peut pas faire de finance verte sans financement vert. La réglementation des Green Bonds se structure. Un travail de roadshow doit être réalisé avec les partenaires afin d’expliquer la démarche et la structure des financements.”- Nicolas Dutreuil, directeur général adjoint en charge des finances, Geina
Allouer du vert aux allocations signifiait d’aller dans le sens des partenaires. Pour les financements de Gecina, 92% des partenaires étaient favorables !
“Les projets sont menés en collaboration avec l’équipe RSE : une culture commune entre la finance et la RSE se crée. On a maintenant en face de nous des investisseurs qui ont une forte connaissance des réglementations. On ne peut pas faire de roadshow sans équipes mixtes.” – Nicolas Dutreuil, directeur général adjoint en charge des finances, Gecina
Le financement ESG, un enjeu pour les trésoriers
Selon Maud Gaudry, directrice ESG groupe chez Mazars, trois grands enjeux se dessinent pour la fonction trésorerie.
Sensibilisation et pédagogie des équipes
Le premier pas est de former les équipes aux enjeux de la norme ESG, tout en ayant un discours adapté aux différents départements de l’entreprise.
Décloisonner les sujets
Le trésorier n’est pas le seul propriétaire du sujet ESG. Les services juridiques, RSE, ou encore Financiers doivent être inclus dans le dialogue. Il ne faut pas rester seul pour gérer les différentes réglementations, il est essentiel de se tourner vers ses pairs.
Communication avec l’extérieur
Outre l’importance de communiquer en interne, mais aussi avec des partenaires externes, des solutions technologiques et spécifiques à ces sujets existent sur la place.
Mise en place du financement ESG : par où commencer ?
“Il y a un fort besoin de reporting pour les entreprises. On ne définit pas une stratégie RSE pour faire un Green Bonds, et on doit éviter le Greenwashing.” – Sandrine Enguehard, head of cross-product impact structuring, Société Générale
Sandrine Enguehard ajoute que certains clients présentent des risques réglementaires importants pour leur portefeuille clients.
“La compréhension de la stratégie de nos clients est la clé : on a besoin de cadres spécifiques pour être sûrs de financer des projets qui servent à la transition et à la finance durable. Cela nous permet de savoir ce qu’on finance, et à quoi ça sert.” – Sandrine Enguehard, head of cross-product impact structuring, Société Générale
Nicolas Dutreuil continue en partageant de bonnes pratiques et conseils pour adresser ces sujets plus que stratégiques :
- Embarquer les équipes : on ne peut pas décider de faire du vert tout seul
- Casser les silos et sensibiliser les équipes
- Crédibiliser le projet et lui insuffler de vraies convictions
- Se structurer : le reporting et la qualité des données sont bien présents, il y a tout un champ de nouvelles données qu’on doit remonter dans nos systèmes. Les outils budgétaires doivent être pris en compte car demain, elles seront demandées.
Pour conclure
La stratégie ESG vise à s’intégrer dans l’ensemble de l’entreprise. En plus de donner une meilleure image du groupe, elle permet aussi aux trésoriers de travailler main dans la main avec les investisseurs et les équipes internes du groupe.
Quand on baigne dans l’ESG, on a souvent l’impression de naviguer en plein brouillard. Les outils de communication vont permettre de capitaliser sur la stratégie ESG du groupe et d’accompagner les trésoriers dans la compréhension et l’appréhension de ces enjeux.